25 janvier 2010

Mont Fuji - Musée Itchiku Kubota et Shinkasen

Lundi 25 janvier 2010

A l’heure où blanchit la campagne, nous quittons Tokyo pour rejoindre le Mont Fuji en suivant le tracé de l’ancienne Tokaido (route de la mer Orientale) qui reliait à l’époque médiévale Edo (Tokyo) à Kyoto et Osaka.
Tomo nous distribue dans le bus une copieuse collation (sandwiches variés et fruits).
Le temps s’annonce magnifique, ce qui est de bonne augure pour contempler ce site emblématique du Japon. En effet, par temps couvert ou pluvieux, le mont Fuji disparait entièrement.

Le Fuji-Yama (ou Fuji-san) culmine à 3776 mètres.
C’est le plus beau volcan du monde et le sommet du Japon. Sa dernière éruption remonte à 1707 : elle terrifia les habitants d’Edo, à 120 kilomètres de là, plongeant le pays dans la nuit trois semaines durant et recouvrant la ville de cendres.

Le volcan est aujourd’hui éteint, mais une nouvelle éruption n’est pas exclue.
L’activité volcanique et la tectonique des plaques font du Japon une zone fortement exposée aux séismes. On en recense jusqu’à 2000 par an, dont beaucoup sont trop faibles pour être perçus par l’homme. Les séismes de plus de huit sur l’échelle de Richter, comme ceux qui frappèrent le Kanto en 1923 ou Kobe en 1995, ont été extrêmement dévastateurs.
Au panthéon des montagnes sacrées dans le shinto, le mont Fuji règne en maître. Révéré depuis la préhistoire, il a même vu sa sainteté reconnue officiellement en 1962. La propriété légale du sommet a été accordée au sanctuaire du site. Jusqu’en 1868, il était interdit aux femmes et n’était escaladé que par des prêtres et des pèlerins.

Depuis la rive du lac Kawaguchi (kawaguchi-ko), le plus accessible des cinq lacs, nous avons un premier point de vue sur la face nord du mont Fuji.
Le lac est situé à 700 mètres d’altitude dans le cratère d’un volcan éteint.

Sous un vent glacial, nous le traversons en empruntant un bateau de pirate.

Nous nous rendons ensuite au Musée d’Art d’Itchiku Kubota (1917-2003). Le cadre est à couper le souffle.




Le bâtiment principal est unique en son genre. Il abrite une collection de 75 kimonos célébrant la grandeur de l’univers et la beauté des quatre saisons : « Symphony of light. »
C’est une structure pyramidale soutenue par 16 poutres en bois de cyprès (hiba) qui ont plus de 1000 ans.

D’autres parties, d’apparence troglodytique, sont construites avec du calcaire Ryukyu.




On accède à cet ensemble par un charmant jardin logé au cœur d’une forêt de pins rouges.

Itchiku Kubota a quitté l’école à 14 ans pour devenir l’apprenti d’un maître de la teinture Yuzen, Kiyoshi Kobayashi. Il a une vingtaine d’années lorsqu’il fait une rencontre bouleversante avec la teinture Tsujigahana, méthode complexe de teinture par nouage agrémentée de broderies.

Elle a connu son essor du 14e au 16e siècle. Dans la collection du Musée National de Tokyo, il remarque un petit morceau de soie ancienne qui va transformer toute son existence :

« Un fragment de vêtement, vestige probable d’un costume datant de plusieurs siècles, déployait devant mes yeux éblouis un parterre de petites fleurs dessinées sur la soie tissée. Et si, à travers les couleurs fanées, il ne restait qu’une petite trace de sa splendeur d’autrefois que je devinais dans la nuance des coloris, je la voyais comme elle devait être quelques siècles auparavant. Mon cœur s’était mis à battre plus vite.

J’étais ému, tremblant et fasciné devant tant de maîtrise et de raffinement dans la beauté. Pendant plus de trois heures, je suis resté là, dans le hall désert du musée, à contempler ce petit bout de tissu qui semblait n’avoir été exposé que pour moi dans la vitrine.

La rencontre avait été si intense, si chargée de mystère, que j’ai pensé plus tard que si la réincarnation existait, ce devait être moi l’auteur de cette teinture Tsujigahana. »

Après sa libération en 1951 d’un camp de prisonniers en Sibérie, il décide de se consacrer à l’étude de ce procédé. Confronté à un certain nombre de problèmes techniques, il développe alors sa propre forme de teinture Tsujihagana en utilisant une forme contemporaine de crêpe de soie. Son fils et sa fille poursuivent aujourd’hui son œuvre.

Le Japon étant un pays de paradoxes, après avoir quitté à regret le musée, nous faisons une halte repas dans un restaurant délicieusement kitsch où nous attendent des petits pains et des pâtisseries à la française.

Avant de partir, Annick et moi allons nous laver les mains (doux euphémisme typiquement japonais pour signifier que nous allons aux toilettes). Ne reculant devant aucun sacrifice, nous expérimentons un nouveau modèle de toilettes high-tech communément appelées des « washlet » (siège de nettoyage à l’eau tiède).
Ils possèdent une liste impressionnante de fonctionnalités : séchoir à air, lunette chauffante entre 20 et 40°, options de massage, ajustement des jets d’eau, ventilation anti-odeur, chasse d’eau automatique après usage, , etc.
Le tableau de commande est soit rattaché au côté du siège, soit sur un mur avec transmission sans fil. La pression du jet et la température de l’eau peuvent être réglées. Les modèles haut de gamme proposent aussi un jet pulsant ou vibrant et peuvent ajouter un peu de savon pour un meilleur nettoyage. La lunette chauffante est très populaire car la plupart des habitations japonaises n’ont pas de chauffage central et les toilettes sont souvent glaciales en hiver.

Au fil de nos expérimentations, nous avons même découvert un dispositif reproduisant le bruit de la chasse d’eau pour couvrir les bruits ambiants. L’une des marques qui le propose a pour nom Otohime (« la princesse du son »).
La déesse Otohime est la fille du dieu de la mer. Beaucoup de femmes japonaises sont embarrassées à l’idée que quelqu’un d’autre puisse les entendre pendant qu’elles font leur besoins et laissent couler la chasse d’eau, d’où la conception de ce dispositif.


Nous reprenons ensuite le bus pour rejoindre la gare de Mishima et prendre le train à grande vitesse (shinkasen) direction Kyoto.

Il existe trois catégories de train à grande vitesse au Japon : l’écho (le plus lent), la lumière (plus rapide que l’écho) et l’espoir (plus rapide que la lumière).





La pensée philosophique imprègne tous les aspects de la vie japonaise.
Nous avons pris un shinkasen « lumière », plus spacieux que nos TGV, où tous les sièges sont dans le sens de la marche.




Première prise de contact avec la gare de Kyoto qui vaut réellement le déplacement.
Elle a été construite il y a 10 ans et son architecture est d’une très grande modernité.

Visite à suivre dans un prochain épisode de notre périple…



Nous prenons le métro pour rejoindre notre hôtel (KARASHUMA GRAND HOTEL).

Le métro de Kyoto est constitué de deux lignes, la Karasuma qui va du sud au nord et la Tozaï, d’ouest en est.

Un aparté sur les adresses de Kyoto. En dépit des rues à angle droit, le système de repérage est illogique. Les habitations et les magasins sont organisés en cho ou voisinages. Beaucoup furent constitués d’après les limites des guildes médiévales. Les indications sont souvent fournies par rapport à une intersection ou un site connu. La ville étant construite sur une pente s’élevant du sud au nord, le sud est figuré dans les adresses par le mot sagaru (descendre) et le nord par agaru (monter).

Brève installation dans nos chambres avant de partir arpenter les rues de Kyoto.

Les grandes artères ont un charme discret très bostonien. Quelques pas de côté pour explorer une ruelle et le Kyoto d’antan nous rattrape et nous enveloppe.

Pour clore cette nouvelle journée, un dîner pantagruélique dans un restaurant proposant des spécialités sur table chauffante dont une galette particulièrement roborative à base d’œufs, de pomme de terre, d’oignons et de fromage local.

Anne


photos : Dominique




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Les premières impressions en direct :
Ce matin, départ à l'heure où blanchit la campagne pour la région du Mont Fuji. Copieuse collation dans le bus. Nous avons eu une chance extraordinaire : le temps était magnifique et le Mont Fuji ainsi que le lac situé dans son cratère etaient parfaitement dégagés.
En guise d'amuse-yeux, une petite croisière sur le lac dans un bateau digne du film "Pirates des Caraibes".
Quelques courageux (Dominique et Anne notamment) ont affronté le vent glacial sur le pont du bateau pour saisir quelques clichés.

Nous avons ensuite repris la route pour admirer de plus près ce volcan que nous avons entendu gronder et qui émettait des fumées au sommet.
Direction ensuite le musée des kimonos se situant dans la maison de l'artiste décédé en 1983, Itchiku Kubota, qui a d'ailleurs reçu la légion d'honneur en France par Jack Lang.
Le lieu est véritablement exceptionnel et nous avons eu le sentiment d'être confrontés à un emboitement d 'oeuvres : la maison est unique en son genre (une sorte de tente en bois logée dans une structure troglodyte avec des portes et un mobilier d'une grande pureté).
Les kimonos sont saisissants de beauté et de perfection (2 ans pour réaliser un seul kimono en soie) les photos n'étaient pas autorisées mais Anne a craqué pour un livre et fera des photos au retour.

Petite pause repas dans le monde merveilleux du Disney nippon avec pain français et pâtisserie francaise.

Annick et Anne ont décidé d expérimenter un nouveau modèle de toilettes avec tableau de bord multifonctions sur le côté et lunette chauffante : un régal pour nos petits postérieurs.

Retour dans le bus pour rejoindre la gare de Mishima afin de prendre le train à grande vitesse vers Kyoto.
Une petite précision : il existe trois categories de trains à grande vitesse au Japon :
- l' écho (le plus lent),
- la lumiere (plus rapide que l'écho)
- et l'espoir (plus rapide que la lumière).


Nous avons pris le train lumière, plus spacieux que nos TGV, avec tous les sièges dans le sens de la marche.
Autre subtilité de la pensée japonaise : bien que le "non" existe dans leur langue, les japonais ne disent jamais "non" mais "je dois réflechir".
Découverte de la gare de Kyoto qui date de 10 ans (une ville dans la ville) et présente une architecture d'une grande modernité.

Nous avons pris le métro pour rejoindre notre hôtel où nous avons découvert avec bonheur des ordinateurs avec possibilité de nous rendre sur nos messageries. Seul inconvénient : le clavier bascule régulièrement sur les caractères japonais et nous n'avons aucun accent sur le clavier querty.

Diner pantagruélique dans un restaurant japonais proposant des spécialités sur table chauffante. Chantal et Anne ressemblaient à des "homards" ; seul Dominique, so british, demeurait imperturbable, avec sa veste, son sweat et un t.shirt à manches longues.

Chantal, Annick et Anne.

3 commentaires:

  1. Le Mont-Fuji feerique sous le soleil d'hiver, le Musee des kimonos, Kyoto, un super repas, et meme des ordinateurs : que demander de plus si ce n'est que ca continue !
    Encore merci pour le temps passe a nous raconter tout cela malgre la fatigue de ce genre de voyage.
    Au programme de demain : visites de Kyoto et du Palais Imperial dont nous attendrons des details toujours avec la meme impatience.
    Mon japonais n etant pas au point, vous devrez vous contenter d"a demain" !

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  2. Anonyme7:10 PM

    Vous êtes vraiment en train de faire un super voyage.
    C’est toujours aussi génial de suivre votre reportage pratiquement en direct.
    Quand on pense que vous êtes pratiquement de l’autre côté de la planète et que vous avez la tête en bas par rapport à nous (d'ailleurs, on se demande comment vous tenez au sol !), on se dit que c’est génial de vivre à notre époque.
    On pense très fort à vous.

    Le pèlerin de Saint Bonnet de Mure, et sa pèlerine.

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  3. martine11:08 PM

    Rien que trois blogs pour vous suivre dans votre périple, c'est la célébrité assurée !

    et merci encore de nous taper vos messages sur un clavier d'ordinateur capricieux.

    La météo doit vous être propice pour les quelques jours à venir, vous allez faire des photos sensationnelles de temples et peut être encore d'arbres déjà en fleurs.

    Bonne journée à tous,

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